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En 2019, les Débats Citoyens de l’Open Agrifood ont fait émerger un constat qui fait état d’un réel sentiment d’impuissance et de désarroi de la part des citoyens français vis-à-vis de leur alimentation. Ce constat, aussi alarmant qu’il soit, mérite d’être pris en compte par les professionnels de l’alimentation afin de co-construire le modèle alimentaire de demain.
Débat après débat, le constat dressé par les citoyens s'apparente à une juxtaposition d'appels à l'aide : « je suis perdu, je voudrais qu’on m’aide à mieux manger, je voudrais réapprendre les basiques de l’alimentation ».
D’autres déplorent « trop de références pour un même produit, trop d’informations sur les étiquettes, trop d’appellations incompréhensibles ».
Pour un grand nombre de citoyens « il est aujourd’hui compliqué de bien manger ».
Si d'un côté ils se sentent perdus, ils pointent également du doigt de nouvelles applications qui sont censées les aider, mais qui désorientent par leur nombre et leurs différences de fonctionnement : « Entre Yuka, le Nutriscore, Ferme France, le Franco Score, à quelle référence puis-je faire confiance pour choisir le produit bon pour ma santé ? ».
Ce foisonnement et l’impossibilité de choisir au travers de repères simples et facilement compréhensibles génèrent chez les citoyens une forme d’angoisse, qui alimente le sentiment de défiance vis-à-vis des acteurs de la filière et des produits qu’ils proposent. Cette quantité toujours plus grande d’informations vient s’ajouter à une communication et à un Marketing omniprésents de la part des acteurs de la filière pour expliquer, rassurer, avec pour intention de convaincre. De la même façon que le citoyen peine à naviguer dans la masse d’informations politiques / économiques / environnementales / sociales, il peine à intégrer cette abondance d’informations. « Si c’est si difficile de s’y retrouver, c’est qu’on me cache quelque chose, si c’est flou, c’est qu’il y a un loup ! ».
Pourtant, le citoyen français est un de ceux au monde qui devrait le plus faire confiance à son alimentation ! Nous sommes incontestablement les champions de la traçabilité et de la sécurité alimentaire, ce qui va de pair avec notre goût pour la "sur-règlementation" et le principe de précaution. Nous sommes aussi le pays béni de la gastronomie et de la diversité alimentaire, enviées par toutes les autres nations, qui ne bénéficient pas des terroirs et du climat si favorables de notre Hexagone.
Comment se fait-il alors que nos concitoyens en soient si peu conscients ? On peut invoquer Elise Lucet, pointer du doigt des Lactalis et des Findus, l’origine du mal est forcément plus profond. Ce mal, réside certainement dans cette angoisse latente nourrie par une cacophonie bizarre, selon laquelle chaque échelon de la filière s’applique à renvoyer la responsabilité de cet état de fait sur les autres. Peu sont ceux qui songent réellement à prendre leurs responsabilités et à collaborer avec les autres afin de regagner la confiance de ceux qu’ils nourrissent.
Pour retrouver la confiance du consommateur, il faut se mettre à parler d’une même voix et orchestrer la polyphonie en émettant des messages rassurants, valorisants et responsables qui en faisant progresser la filière tout entière et tous ensemble, permettront à chacun de créer davantage de valeur en travaillant sur le sens et la noblesse de l’acte nourricier.
Si la filière dans son ensemble pouvait convenir d’un message fort, commun à tous les échelons, comme la diversité alimentaire par exemple, déclinable par chacun au sein de son activité alors la force du collectif le rendrait audible et contribuerait à regagner du crédit auprès du citoyen consommateur.